Peintures
Photo : Florence Kirastinnicos
Mon travail est dès le départ orienté par l'idée de suite.
Une fois le thème choisi, vient une longue maturation, une exploration conduisant souvent à une évolution du langage pictural.
En résulte toutefois une constante dans le style, ce que l'on pourrait qualifier d'écriture. Celle-ci ne constitue pas une fin en soi, mais doit au contraire s'adapter au sujet qui reste prioritaire.
S'y révèle aussi un lien entre les différents thèmes, comme une obsession de la mémoire des gens et des choses...
Corps à corps (2022-2023)
Des "Gisants" de Saint-Denis, en passant par différentes séries de "Crucifixions", la statuaire grecque, les moulages de Pompéi et jusqu'aux "Gilles" de l'an dernier, le thème du corps ne m'a jamais quitté : ce corps incertain, défendant la vie ou subissant la violence, ce corps secret et silencieux, comme la violence elle-même, dont Deleuze dit qu'elle est "ce qui ne parle pas"...
Revisitant ce thème, universel et à vrai dire, éternel, à commencer par l'art pariétal des grottes de Lascaux, je suis aussi, aujourd'hui, à la recherche de nouvelles solutions picturales pour la question des rapports entre le fond et la forme, ne m'interdisant rien, ni le mélange de techniques, ni l'usage de reliefs.
Portraits du "Gilles" (2021-2022)
Cette suite de peintures parle d'un personnage qui ne dit rien, semble ne rien penser, figé, les bras ballants, ses mains ne saisissant rien.
"Gilles" est un des grands personnages de la peinture. Est-il de son époque, ou au contraire intemporel ? Ces peintures sont une tentative pour le rejoindre dans son mystère.
("Gilles", aujourd'hui intitulé "Pierrot", est un tableau d'Antoine Watteau, peint vers 1718-19, sur la fin de sa vie, et redécouvert par Vivant Denon.)
Ce qu'il en reste (2020-2021)
Ce qu'il en reste, une fois que le temps a fait son œuvre. Que ce qui fut une réalité devient la mémoire de quelque chose...
Tous ces restes, toutes ces mémoires insignifiantes...
Ils furent ramassés au détour du chemin, n'ayant d'intérêt que pour moi-même au travers de leur pouvoir imaginaire. Ils ont été les objets d'un récit continu, relançant sans cesse l'envie de les peindre.
Incertitudes (2018-2019)
A l'angoissant devenir de l'homme, à cette question incertaine, j'ai laissé à la couleur le soin de répondre par la tendresse et l'humanité.
Face à une grandissante représentation d'un corps virtuel, j'ai voulu opposer sa vérité charnelle.
Le Vol perpétuel (2016)
J'ai voulu peindre, représenter, la vie à l'état pur.
Le vol fascinant des grues, traçant une ligne dans le ciel, symbolise cette volonté de vie. Ce grand oiseau est plus que la liberté, il est représentatif de beaucoup de valeurs qui semblent nous échapper : la cohésion du groupe, la mémoire collective où l'individu trouve sa place, la solidarité, la migration utile pour la vie...